Dans notre cher pays, quand on parle de père, ce terme renvoie le plus souvent à l’image d’un être absent et irresponsable.

 

Dans notre cher pays, quand on parle de père, ce terme renvoie le plus souvent à l’image d’un être absent et irresponsable.

 Pourtant, il en existe des bons, dignes de ce nom. Ceux  qui n’hésitent pas à braver pluies, vents et marées, orages pour pourvoir aux besoins de leurs enfants. Il en existe aussi des pères qui sacrifient leurs carrières professionnelles afin de s’investir en eux, être présents à leurs côtés. Ils  espèrent un jour pouvoir se reposer l’esprit tranquille sur leurs progénitures. Ceux-là estiment que l’éducation de leurs enfants compte beaucoup et s’assurent de leur garantir un bon avenir. On compte également ceux qui élèvent les enfants des autres avec un grand cœur sans contrepartie. Ces modèles sont peu connus de la société et toutes leurs  bonnes œuvres  n’éclatent au grand jour que quand ils quittent ce monde. Leurs enfants peuvent se réjouir d’avoir eu un père formidable à qui ils doivent aussi leurs réussites. Ces êtres exceptionnels méritent d’être fêtés dignement. Ils ne sont pas nombreux. Moi, je suis chanceuse d’être la fille d’un de ces héros.

Pour revenir aux pères absents, ce phénomène est monnaie courante dans notre société malheureusement. A l’annonce de leur paternité, ils prennent leurs jambes à leurs cous avec la fameuse phrase : Se pa pou mwen. Les conséquences de cette fuite sont plus que nombreuses et néfastes : hausse du taux de délinquance juvénile par absence d’une autre figure d’autorité que celle de la mère, abandon  scolaire lié à l’incapacité de cette dernière à acquitter les frais de scolarité de leurs enfants… Ces retombées négatives s’observent dans tous les milieux sociaux mais le plus souvent dans les couches défavorisées. Grâce à la loi sur la paternité responsable renommée Loi sur la paternité, la maternité et la filiation élaborée par Madame Marie-Laurence Lassègue et promulguée en 2014, la situation s’est un peu améliorée. Mais, il y a encore un énorme travail à faire pour conscientiser , sensibiliser, à la rigueur forcer de nombreux réfractaires à prendre leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants. 

Il y a aussi ces cas où le père est présent et absent à la fois. Sa présence n’étant que physique et financière, il intervient rarement dans les discussions familiales. Il passe plus de temps ailleurs que dans son foyer. Les enfants sont ainsi privés de l’affection et de l’amour paternel, éléments indispensables au bon développement de tout être humain 

Quels seraient alors les critères pour désigner un père ? Quand appeler quelqu’un papa ? Selon la définition donnée par le dictionnaire Larousse, un père est celui qui a engendré ou qui a adopté un ou plusieurs enfants et c’est aussi celui qui agit en père. Qu’est-ce que cela veut dire agir en père ? Agir en père, c’est agir dans l’intérêt de ses enfants tant sur le plan économique que sur le plan psychologique.

 Alors, qu’est-ce qui rend si difficile à remplir la fonction de père en Haïti ? Certes, la situation économique de notre pays n’est pas  du tout facile. Nous comprenons bien la difficulté de certains hommes à accomplir leurs devoirs de supporter financièrement leurs enfants. Mais,  sachez que l’intention, la bonne volonté, le dévouement à le faire, le soutien moral apporté à la mère constitue un grand réconfort pour celle-ci. Et il ne coûte rien à un père d’accorder du temps,  de la tendresse, de témoigner son amour à sa progéniture.  

Quant à vous,  chères mamans, éduquez vos garçons en êtres respectueux et responsables. N'applaudissez pas ces comportements de « coq du village » de vos fils, mais corrigez cette tendance à s’enorgueillir de leur attitude de coureur de jupes. Bannissez cette phrase qui consiste à dire : « se ti kòk mwen genyen ». Il n’y a aucune fierté à tirer d'un jeune Don Juan.

Il est scientifiquement prouvé que le père autant que la mère a un rôle capital dans l’équilibre de l’enfant. Alors, messieurs,  prenez conscience. Rien ne justifie votre absence dans la vie de vos enfants, encore moins votre abandon. Ne transformez pas votre moment de plaisir en charge lourde, ou pire en une éventuelle vie de regrets, de chagrins, de déséquilibre pour d’autres. 

 

Elizabeth Luvia PIARD naquit en 1998 dans la ville des Cayes. Après ses études primaires à l’Ecole Nationale La Providence des Cayes, elle a intégré le College Frère Odile Joseph pour y faire ses études secondaires. En terminale, elle a été appelée à coordonner les publicatio…

Biographie