Le grain de fantaisie, c’est le regard jeté sur un champ de roses et qui n’arrive à capturer que les roses et pas une seule épine.

Chez nous, ce grain de fantaisie, c’est avoir en main une bouteille de « gròg » et en verser une grande rasade sur le sol, pour « ceux qu’on ne voit pas, pour nos chers disparus ». On y croit peu, on y croit trop, le vrai plaisir, c’est l’esprit de partage.

 

Le grain de fantaisie, c’est le regard jeté sur un champ de roses et qui n’arrive à capturer que les roses et pas une seule épine.

Chez nous, ce grain de fantaisie, c’est avoir en main une bouteille de « gròg » et en verser une grande rasade sur le sol, pour « ceux qu’on ne voit pas, pour nos chers disparus ».  On y croit peu, on y croit trop, le vrai plaisir, c’est l’esprit de partage.  

Le grain de fantaisie, c’est aussi la marchande qui passe chaque samedi pour distribuer sa marchandise, à crédit, dans les quartiers, sans vraie promesse de quand elle sera payée.

C’est aussi ce cerf-volant, victime d’un méchant « zwing », et qui continue sa course dans le ciel, au gré du vent, de ses ailerons, de sa queue…

C’est une fête foraine planifiée et réalisée en saison de pluie, sous un ciel de nuage, sans crainte de perturbation. Pluie ou pas, la fête bat son plein.

C’est le « konbit » qui devait durer cinq jours et qui s’étend sur trois semaines, « à continuer », par le fait des musiques qui sont fredonnées et qui créent une ambiance sans pareille, par la bouteille de « leren » qui circule de lèvres en lèvres…

C’est l’enfant qui sort tout habillé sous la pluie, et chante, et danse, et fait la course avec ses amis, en se foutant pas mal des réprimandes et punitions qui suivront.

C’est le cabri bien gras, réservé pour la saison des fêtes, mais qui est écorché par un jour ordinaire, parce que les membres du jeu de domino du quartier ont convaincu son maitre d’avancer le jour du festin.

C’est un rire qui fuse d’une discussion qui était sur le point de s’envenimer et qui apporte une ambiance de joyeux lutins. 

Le grain de fantaisie, c’est donner de bon cœur, la dernière bouchée de son assiette à un ami, et se rassasier du plaisir partagé. 

C’est suivre le papillon du regard juste par plaisir, sans vouloir vraiment savoir où il allait et pourquoi il prenait tel chemin plutôt qu’un autre.

C’est compter les étoiles jusqu’à s’endormir et continuer l’exercice dans son rêve.

C’est ramener les bons moments du passé au présent pour initier le futur.

C’est lancer les galettes plates sur le lit de la rivière endormie et s’émerveiller des ricochets magiques, du jeu de la lumière du soleil avec les cercles de clapotis dans l’eau.

Ce sont les chants d’église trafiqués pour servir de refrains de carnaval, et qui charment certains, et scandalisent les autres.

C’est rêver de paix dans ce tumulte accablant,

C’est semer au hasard des grains d’espoir pour demain.

 

A propos de

Fonie Pierre

Fonie Pierre est médecin avec une spécialisation en médecine communautaire, préventive et sociale.
Elle détient aussi un diplôme d’Etude avancée en Population et Développement/ Genre.

Elle est, par ailleurs, membre fondatrice de la Chambre de C…

Biographie