Voilà le fameux mot qui revient à la charge dans toutes les conversations, dans tous les débats sur la situation d’Haïti depuis les trente dernières années : l’éducation. Naturellement, j’aurais pu dire depuis les cent dernières années, puisque la question de l’éducation, de la masse en particulier, a souvent été soulevée par l’élite intellectuelle consciente d’Haïti bien avant la fin du 19ième siècle.

Voilà le fameux mot qui revient à la charge dans toutes les conversations, dans tous les débats sur la situation d’Haïti depuis les trente dernières années : l’éducation.

Naturellement, j’aurais pu dire depuis les cent dernières années, puisque la question de l’éducation, de la masse en particulier, a souvent été soulevée par l’élite intellectuelle consciente d’Haïti bien avant la fin du 19ième siècle. Autant dire que cela fait quand même assez longtemps que ce sujet occupe les sphères de nos discussions; je dirais même, qu’il préoccupe toutes celles et tous ceux qui ont toujours cru à son importance pour le développement de la Cité. Mais, pourquoi alors cette volonté d’instruire, cette compréhension de la nécessité d’éduquer le peuple, ce besoin d’éducation en général, pourquoi tout cela reste-t-il dans sa forme utopique, malgré plus d’un siècle de réflexion?

D’abord, il ne faut pas se leurrer. Un papier sur l’éducation en Haïti nécessiterait des pages à n’en plus finir, car ce sujet fait l’objet de sérieuses recherches de la part des spécialistes haïtiennes et haïtiens, à travers des réflexions, des études, des rencontres et des débats de toutes sortes, au cours des trois dernières décennies. De plus, je pense aussi et j’en ai la ferme conviction que tout a quasiment été dit sur la question. Néanmoins, que Xaragua Magazine reprenne quelques bonnes idées pour continuer à soutenir cette bonne cause qu’est l’éducation, cela ne sera jamais de trop. D’ailleurs, la phase d’atterrissage de toutes les bonnes idées et réflexions sur ce sujet doit être la plus importante à l’heure des débats, de nos jours, sur le renversement du système actuel, vieux de presque 200 ans.

Spécialiste de l’éducation, je n’en suis pas un. ‘’Pantoute’’, aurait dit un Québécois ‘’pure laine’’ (terme d’une rare idiotie, au passage). Autant dire qu’une analyse parfaite de l’atterrissage manqué de l’éducation, depuis quasiment notre indépendance, reviendrait à des avisés(es), donc à celles et ceux qui ont œuvré dans l’éducation comme professeurs, inspecteurs ou hauts cadres au niveau du Ministère de l’éducation nationale. Ce n’est pas sans raison, d’ailleurs, que Xaragua Magazine, depuis sa relance, publie régulièrement des articles sur l’éducation, un secteur auquel il est accordé une très grande importance au chapitre de ses efforts de contribution à la refondation de la chère Haïti. Les diverses réflexions et expériences partagées sur cette question, entre autres par Magalie Obas, sont la preuve de notre volonté à trouver les moyens efficaces de ramener à la réalité toutes les bonnes idées déjà développées.

Dans le dernier numéro de Xaragua, on a beaucoup parlé des préjugés comme un véritable handicap au développement. Mais, la première cause de toutes formes de préjugés est avant tout une défaillance éducationnelle. Après tout, je n’apprends rien à personne, mais, comme je l’ai mentionné un peu plus haut, le répéter le plus souvent que possible ne sera jamais de trop. Donc, forcément, l’éducation se situe en amont de tout et constitue la base de toute démarche visant le développement économique et le vivre-ensemble.

Évidemment, ça doit partir de la famille, continuer dans les écoles à travers le pain de l’instruction et du civisme, et aboutir dans la société, dans les approches, les réflexions, les décisions politiques et économiques et même dans les grands projets de développement.
Dans le nouveau système tant prôné ces derniers temps en Haïti, l’éducation sera et devra être, sans aucun doute, le moteur qui aidera avec l’atterrissage de toutes les bonnes idées tant débattues. Et, l’école, disons mieux une nouvelle école plus pratique, plus inclusive, doit être au cœur des débats. C’est dans ce même ordre d’idée que le professeur Nesmy Manigat, ancien cadre et haut fonctionnaire de l’Éducation nationale, a écrit dans une de ses publications : ‘’Renforçons l’école de l’avenir, le nouveau secondaire où les jeunes ont l’obligation d’apprendre l’éducation à la citoyenneté et peuvent mieux se préparer pour les nouveaux métiers … Ainsi, on pourra mieux bousculer la société traditionnelle et combattre la misère’’. Tout est dit!

Évidemment, cela requiert une synchronisation de toutes les forces vives de notre beau pays. J’insiste sur le mot ‘’BEAU’’, car la laideur actuelle qui est projetée sur toutes les chaînes de télévision étrangères n’est qu’une simple façade qui n’a absolument rien à voir avec les bonnes valeurs qui restent enracinées dans notre société. Cette laideur, justement, c’est en partie la face de la lutte de tout un peuple privé des éléments de base de la survie, tels que : la santé, la nourriture, le logement, les infrastructures, etc. Comme par hasard, l’éducation fait partie aujourd’hui des éléments de base. Alors, pourquoi pas un véritable plaidoyer en faveur de l’Éducation pour tous ? Xaragua Magazine s’y met et vous invite à en faire autant.