On ne peut pas parler de la ville des Cayes sans brandir la silhouette de Léon Dimanche comme un emblème ornemental dans le hall du patrimoine. Qu’on soit fou de musique instrumentale, on doit forcément reconnaître que la voix est le premier instrument disponible qui soit depuis le début de la création.

On ne peut pas parler de la ville des Cayes sans brandir la silhouette de Léon Dimanche comme un emblème ornemental dans le hall du patrimoine. Qu’on soit fou de musique instrumentale, on doit forcément reconnaître que la voix est le premier instrument disponible qui soit depuis le début de la création. Encore une fois je n’étais pas dans le ventre du bœuf, mais je visitais le pâturage et autant dire que l’animal était frais et exposé visible à la vue de tous et lorsqu'il mettait de la voix, le reste du troupeau relevait la tête, écoutait, dansait.

Très tôt au cours de son ascension Léon Dimanche a évolué au sein du groupe « Lionceaux » des Cayes. Il était entouré de jeunes musiciens talentueux. On peut citer Fred Dorlette, vocaliste, ainsi que Rigobert  Sénat qui était également à la guitare basse, et Mortolon Paul à la batterie, etc. Je ne sais pas s’il est juste de mentionner Pierrot Léger au piano pour une courte période et qu’il fut remplacé en cours de route par Harold Duroseau. 
 

Léon maniait un peu de la guitare et improvisait aussi des solos. Les amateurs de méringue se rappelleront bien la chanson  « Pourquoi la rose » qui drainait les danseurs à la piste soit à la Cayenne ou au Ciné Métropole lors des matinées dansantes le dimanche après 10 :00 heures. Par contre ceux qui toléraient bien les boléros, qui n’avaient aucune crainte de marquer le pas sur une  piste plus ou moins clairsemée attendaient impatiemment la prise en charge de Léon qui viendrait les bercer pendant près d’une heure de temps sinon plus.

Ceux qui n’avaient aucun problème à faire cavalier seul se tenaient debout autour de l’estrade pour admirer Léon dans ses œuvres. Et les tubes d’alors de s’égrener : Nostalgie, Nelly, Haïti, Va-t’en, Adieu, Agwe, etc. Inutile de dire que Léon  interprétait aussi avec brio ; qu’on se rappelle  Angela dans les ruelles. 

Techniquement Léon avait de l’étoffe. Il avait la voix chaude, doucereuse et tendre; de plus  il en avait une certaine maitrise. Il était conscient du pouvoir que son organe exerçait sur le public et il savait comment obtenir les effets qu’il désirait au moment où il le voulait.

Il avait du tonus. Il pouvait par exemple accentuer le timbre de sa voix tout en contrôlant le volume et cela transportait auditeurs et danseurs à la fois. Léon chantait naturellement juste et n’éprouvait nul besoin de se ruer dans les différents registres sonores  pour agrémenter les lignes mélodiques de ses chansons. Par-dessus tout, l’un des avantages décernés à  Léon est qu’il se situait bien dans le contexte de ses chansons, leurs lyriques ainsi que leur structure harmonique. Cet aspect très important lui octroyait une diction solide et augmentait le degré de son talent car il pouvait bien articuler ses phrases et caresser de ce fait la passion de ses fans. D’ ailleurs ils le lui rendaient bien en retour par de chauds applaudissements ainsi que des cris d’allégresse et d’encouragement. 
 

 

Léon était un chanteur charmant et sa réputation n’avait de limites.  Il offrit des présentations à  la capitale et séjourna un bout de temps à l’étranger. A son retour au patelin, on lui réserva un accueil grandiose. Massée au carrefour de la croix des quatre chemins la foule le reçut en triomphateur et le promena à travers les rues de la ville. La grande capacité de gestion du comité organisateur autour de Léon et des Lionceaux a constitué un atout majeur à l’évolution de la bande. Les disques gravés