Vous avez peut-être lu mes publications précédentes dans Xaragua magazine.

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Je suis Samuel Edouard Duclosel. Ici, j' ai précédemment partagé des écrits portant sur la culture.  Ce présent article porte sur mon rapport à la culture haïtienne qui est ma culture de base et à d' autres cultures que j' apprécie. Cet article est pour moi une introspection qui m' aidera à comprendre comment je me place culturellement car certes, je suis Haïtien mais je suis aussi influencé par d' autres cultures . D' autre part,  les lectrices et lecteurs arriveront à mieux comprendre mon approche de la culture.  Et pour cela , je vais partager des informations ayant rapport à mon vécu . Des apports culturels de ma famille jusqu' à mon émigration récente aux États Unis , qui me rapproche encore d' autres cultures.

Je suis né à Port-au-Prince en l' année 1992 . D' emblée j' ai été exposé à plusieurs façons de parler une même langue.  La première langue que j'ai parlée à mes parents était le français mais j' entendais parler créole dans la maison avec l' accent de Port-au-Prince et l' accent du grand Sud d'Haïti car si mes parents sont de Port-au-Prince,  j' avais une tante originaire de l' arrondissement de Jérémie et il y avait aussi une  jeune dame de là-bas aussi qui habitait avec nous . Donc tout le monde me reprennait selon ses régionalismes  , selon sa façon de parler créole.  C' était alors clair dans ma tête qu' il n' y avait pas qu' une seule façon de parler créole en Haïti.  Ma grand-mère maternelle de son côté , qui va avoir 90 ans cette année, parle créole et français avec des mots oubliés.  Dès que je veux impressionner quelqu'un, je sors une tournure apprise de  ma  grand mère . Par exemple, ma grand-mère peut dire : "Je vis pour mon compte"  . "Pour mon compte " , " pour son compte " etc.veut dire seul , en ancien français et le possessif varie en function de la personne dont on parle . Et c' est ce qui a donné " pou kont mwen " pou kont li" ... en créole.  Cette tournure est encore utilities en espagnol: " por mi cuenta " . En créole , ma grand-mère maternelle est aussi la gardienne des dictions et proverbes haïtiens dans ma familie .

Mon grand-père maternel, qui a émigré en Guadeloupe puis  en Martinique,  où il a vécu la plupart de sa vie d' adulte  , attirait mon attention sur les différences entre le créole haïten et le créole martiniquais et sur quelques différences culturelles entre les deux peuples aussi.  À travers ses histoires j'ai aussi pu comprendre qu' au-delà des différences,  ces peuples se ressemblent.  Dans mon jeune âge adulte,  j' allais découvrir grâce aux réseaux sociaux que c' est toute la Caraïbe qui a cette identité commune. En l' occurrence,  un héritage afro-européen et autochtone ( Taïno, Arawak,  Caraïbe..) . Malheureusement,  j' ai perdu ce  grand-père quand j' aillais avoir 10 ans.

Ma mère pour sa part avait la nostalgie de la Martinique durant mes premières années de vie.  Comment ça? Eh bien après la chute de la dictature en Haïti,  en 1986 , une vague de violence passait sur Haïti.  Le père de ma mère l' a fait aller le rejoindre en Martinique, accompagnée d' une de ses sœur et d' un de ses frères . Ma mère est la seule de cette fraterie à être retournée en Haïti où elle s'est mariée et nous à donnés naissance à mon frère et à moi. Choix qu' elle allait reconsidérer en l' année 2023 en voyant la violence qui sévit en Haïti.  Pour revenir à ce que nous disions,  ma mère avait la nostalgie de la Martinique donc elle m' a elle aussi appris des mots de créole martiniquais.  Mon petit frère quant à lui , était peu réceptif à cela , trouvant que c' est compliqué d' apprendre de nouvelles langues.  La seule chose qu' il arrive à dire en martiniquais,  c'est mwen pa sav , qui veut dire " je ne sais pas". Et puis , je grandissait en Haïti au commencement des années 1990 , la vague zouk déferlait encore sur Haïti donc avec les chansons de Léa Galva et plus tard Orlane , Kassav etc, j' écoutait le créole martiniquais le créole  martiniquais.  Sans oublier Thierry Cham , Tanya St Val et Jocelyne Labylle qui chantaient en créole guadeloupéen.  Aujourd'hui,  je parle un peu de créole martiniquais et je suis aseez aidé en ce sens par la plus jeune sœur de ma mère qui est Haïtienne et Martiniquaise . Et puis j' ai des cousines du côté maternel qui sont martiniquaises de moitié et ça me fait toujours plaisir que ces langues se croisent dans  ma famille .

Du côté de mon père, quand je grandissais , il était nostalgique du  Brésil où il étudait . Il apprécie aussi les cultures hispaniques.  Il a aussi eu l' occasion de  visiter le Mexique . J' ai passé mon enfance à l' entre parler du Brésil et du Mexique . Aujourd'hui,  je suis parfaitement à l' aise en espagnol et je me débrouille pas mal en portugais.  Avoir regardé plus de 70 telenovelas en espagnol et avoir regardé des dessins animés en espagnol et en portugais m' a aidé.

Je n' ai pas connu mes grands-parents paternels . Bon... je les connais à travers les souvenirs de mon père seulement.  La mère de mon père , née au commencement des anné 1900 lui a transmis des histoires de l' ancienne Haïti, d' avant les années 1950 . Mon père me les transmet à moi aujourd'hui . On prend le temps de confronter ces histoires orales à l' histoire écrite du pays .

Mes parents m' ont aussi transmis une culture musicale haïtienne et francophone qui s' étend des années 1950 aux années 1990. Et en grandissant , j' étais aussi exposé aux musiques hispaniques et américaines. Je me souviens que le premier tube radiophonique que j' ai chanté , c' est "mi tierra" de Gloria Estefan .J' avais deux ans à l' époque et cette chanson parle d' exil . Elle dit :" la terre où tu as grandi, tu ne peux pas l' oublier parce qu' elle porte tes racine et ce que tu laisses derrière" . Ironie du sort, moi et ma famille sommes exilés aujourd'hui.

Avant perdu 2 maison ; un à Martissant et l' autre à Carrefour-Feuilles, nous n' avions pas le choix.

On a fait nos bagages pour les États-Unis d' Amérique. Un pays qui m' est familier car j' y viens depuis mes trois ans mais , attachés à Haïti,  moi et ma familie n' avions jamais jusqu'ici décidé de rester en Haïti  jusqu' au bout . Mes parents sont chacun retournés de leur exil dans les années 1980 pour s' installer en Haïti. Ils étaient attachés à Haïti.  Autant que ma mère aime la Martinique,  autant que mon père aime le Brésil et le Mexique.  On est arrives  à un point où notre sécurité était plus importante que notre attachment au pays . En plus , qui a dit  que l' attachment à un pays se résumait à notre présence sur son territoire?

Moi, je porte ma culture Haïtienne à fleur de peau , skin deep ! Arrivés aux USA,  c' était pas difficile pour  nous , moi et mon frère , de nous orienter car l' État de Massachusetts nous était familier en raison de plusieurs vacances passées là. À nos premières  vacances  là, mon frère n' avait qu' un an et moi trois ( ans) . Maintenant,  à Brockton,  dans la ville où je vis, je découvre d' autres cultures hispaniques de la Caraïbe avec lesquelles la culture haïtienne à des points communs.  Un rappel qu' on a des des frères et sœurs dans le monde dont on devrait se rapprocher.  Je me familiarise avec les Capverdiens. Ils sont des créoles de culture bien évidemment afro- européenne comme nous! Leur créole,  un mélange de portugais et de langues africaines.  Leur gastronomie recèle des similitudes avec la gastromie haïtienne . Leur Catchupa, pour ne citer que cet exemple,  se compose comme notre tchaka. Quand ils sont contrariés,  il tchipent comme nous : " Tchuiiip" . Et puis dans la ville , Haïtiens et Capverdiens s' apprécient . J' ai rencontré un Capverdien qui retournait un market de fond en comble pour trouver un bocal de pikliz.  Il demandait l' aide d' un Haïtien, j' ai répondu présent . Il m' a fait prononcer le mot pikliz pour lui trois fois pour être sûr qu' il allait le trouver . Finalement,  ce Capverdien trouva son bocal de pikliz haïtiennes  et me félicita pour la culture de mon people et me remercia de mon aide .

Du côté de la communauté américaine mainstream,  les américains nous prennent mon frère et moi pour des Américains.  Les Américains me prennent pour un des leurs parce que depuis mes trois ans , je suis la télévision américaine . Depuis mes dix  ans d' âge, les Américains sont étonnés de savoir que je suis Haïtien et pas Américains . Même consideration pour mon frère. Quand je dis à certains d' entre eux que c' est parcel que depuis très petits on regarde la télévision américaine,  c' est ce qui explique que nous n' ayons guère l' accent haïtien sur l' anglais , ils me disent que ce n' est pas qu' une affaire de langue,  c' est aussi dans ma façon de voir le monde .

Eh bien l' expisosition à l' audio-visuel américain a certainement eu des incidences sur notre regard sur le monde .

Cela me fait comprendre que je connais la culture américaine car les USA exporte leur culture à Haïti et au monde à travers leur audio-visuel.  Et nous Haïtiens? Que faisons-nous pour exporter notre culture ? Les artistes et les militants culturels haïtiens de la diaspora peuvent servir de vecteur pour exporter la culture haïtienne, bien la représenter dans leur pays de résidence.

Cette représentation se fera avec l' aide des Haïtiens qui sont restés sur le territoire , bien sûr!

J' espère que la lecture de cet article autobiographique a été intéressante et à bientôt !

Samuel E. DUCLOSEL est chroniqueur culturel. Il partage depuis janvier 2022 , dans Xaragua Magazine, des publications se rapportant à la culture , la sociétés et des personnalités du milieu artistique en faisant toujours montre d'un bel esprit d' analyse. Il aime l' art , ce …

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