Nous vivons à une époque où plusieurs régions du pays tendent à perdre leur identité. Ce phénomène pouvait être apprécié bien avant que la vague d' insécurité généralisée ne commençât à nous étouffer.

Nous vivons à une époque où plusieurs régions du pays tendent à perdre leur identité. Ce phénomène pouvait être apprécié bien avant que la vague d' insécurité généralisée ne commençât à nous étouffer.

On est bien loin de l’époque où les quartiers affirmaient leurs identités avec leurs bann apye ( qui défilaient en uniforme dont les couleurs étaient  propres au quartier que ces bann représentaient . La petite histoire dit  même que le jaune et noir utilisé par le groupe RAM depuis sa création, sont les couleurs du quartier de Bas-Peu-de-Chose  où se trouve l’hôtel Oloffson, fief de RAM ), leurs groupes littéraires , leurs groupes de théâtre  etc . Avant de poursuivre, je tiens a dire que mes écrits vont utiliser Port-au-Prince  seulement à titre d’exemple . J’aurai à citer d'autres villes du pays  dans d’autres publications que j' aurai à partager avec vous . Néanmoins, vous  conviendrez que le problème dont  il est question affecte toutes les collectivités territoriales du pays et qu’il y a lieu de réagir. Par ces quelques lignes, je prétends partager avec vous des pistes de réflexion qui je l’espère pourront vous permettre d’aborder le problème sous d’autres angles et piquer votre curiosité.

 

Des Haïtien.ne.s  qui ont connu le Port-au-Prince d' avant l' ère dictatoriale des Duvalier i.e, les années 1940-1950  sont nostalgiques de toute cette diversité culturelle qui rythmait la vie de la ville.

Beaucoup d’entre eux/elles affirment que  c’est la dictature des Duvalier qui a eu raison de cette diversité culturelle.

Ils/elles racontent aussi que lors du carnaval et d' autres manifestations populaires , les bann a pye  arborant leurs uniformes dont certains étaient  inspirés de l'univers vaudoun, portaient les revendications du peuple. Parfois, il y avait même solidarité entre bann a pye de quartier différents pour que les revendications aillent plus loin .

Les groupes littéraires et de théâtres  faisaient le même travail dans la sphère intellectuelle.

 

Il va de soi que de telles manifestations culturelles n' auraient pas plu à un régime dictatorial. Les manifestations culturelles étant un moyen pour les gens de s’associer . Or les dictatures compromettent et sapent toujours la liberté d’association au sein d'un peuple de peur que celui-ci ne conspire contre elle.

La façon dont la dictature des Duvalier  censurait l' expression artistique et  violait les droits culturels mérite d’être étudiée par nos sociologues, historiens , spécialistes de la culture  etc. pour que ces dérives ne soient pas effacées de la mémoire haïtienne et pour que nous en comprenions les séquelles .

Aujourd’hui , certains quartiers n’existent plus puisque, poussés par la violence des bandes armées, la grande majorité des habitants les ont  déserté . Martissant, Belair , La Saline en sont des exemples probants . Cet état de fait ne vient qu’aggraver le problème d’avant . 

Des efforts devront être faits par l' État pour rétablir la sécurité dans ces quartiers qui se trouvent coupés du reste du pays et garantir la sécurité dans tout Haïti.

La société devra elle aussi redoubler de vigilance et être plus exigeante envers l' État.

Ensuite, pour que les quartiers puissent  recouvrer leurs identités culturelles, il faudra mettre en place des politiques culturelles  municipales qui prendront en compte les sections  communales et les communes. Encore faudra-t-il chercher ce que chaque quartier représente géographiquement et démographiquement dans une collectivité territoriale mais aussi et surtout ce que le quartier représente dans l' histoire du pays.

En effet, plusieurs quartiers que la violence déchire aujourd’hui ont une très forte charge historique, à un point tel qu’on se demanderait si cette violence n' a pas pour but d’effacer notre histoire.  Nous pouvons citer Belair , où  Port-au-Prince a été fondée,plus précisément  sur l' habitation Randot . Ce quartier qui est aujourd’hui infréquentable  devrait être classé quartier historique  et des monuments devraient y être érigés . Randot au Belair , visuellement, n'a RIEN qui rappelle la  fondation de Port-au-Prince. À Martissant, l' habitation Leclerc a appartenu à Pauline Leclerc, un personnage lié au passé colonial d’Haïti . À une époque plus contemporaine , cette habitation était remplie d' attractions touristiques mais ce passé a été effacé  lui aussi .

La Saline elle aussi devrait être classée quartier historique puisque située près de la Croix-des-Bossales qui était  du temps de la colonisation d' Haïti,un  marché à esclaves . La seule chose qui attire l' attention à la Croix-des-Bossales c’est l’ insalubrité des lieux  , mis à part le fait qu’elle est infréquentable pour cause d’insécurité .

Mais comme nous avons dit tantôt , pour qu’il y ait une politique culturelle qui rehausse l' identité des quartiers, il faut  d’abord résoudre le problème d’insécurité qui rend beaucoup de quartiers infréquentables . Il faut aussi  que les citoyens exigent à l' État le respect de leurs droits culturels,encore faut-il qu'ils soient conscients de ce que sont ces droits. Un travail de sensibilisation est donc nécessaire.

Aussi faut-il que la décentralisation soit respectée pour que soit reconnu aux collectivités territoriales le pouvoir d' élaborer leurs propres politiques culturelles.

Des politiques culturelles qui prennent en compte les spécificités identitaires des collectivités territoriales, les nécessités de leurs populations et garantissent l’accès de celle-ci à la culture.

Ainsi nous verrons des associations et groupes culturel.le.s foisonner dans toutes les collectivités territoriales du  pays  et même mieux qu’ avant  l' ère  dictatoriale . Parce que l' État aura créé une atmosphère favorable à cela .

Une fois de plus je réitère que nous devons réclamer le respect de nos droits culturels  tout comme nous le  faisons pour nos droits politiques.

Je vous suggère d' ouvrir le lien suivant pour plus de recherche sur la thématique. Histoire aussi de voir ce qui se fait dans des pays ou les droits culturels des citoyens sont mieux respectés.

https://www.mcc.gouv.qc.ca/index-i=1762.html 

Je vous dis à bientôt pour une autre publication du même genre .

 

Samuel E. DUCLOSEL est chroniqueur culturel. Il partage depuis janvier 2022 , dans Xaragua Magazine, des publications se rapportant à la culture , la sociétés et des personnalités du milieu artistique en faisant toujours montre d'un bel esprit d' analyse. Il aime l' art , ce …

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