Mon enfance a toujours été marquée par les plantes, les fleurs, les fragrances naturelles, les essences et les couleurs. Ma mère, comme bonne fille du terroir, avait une fascination pour les plantes, surtout les ornementales. Elles étaient à la tête de sa liste d’activités prioritaires de la journée. A l’époque, les cours s’embellissaient d’arbustes d’hibiscus, notre si chère shoeblack, qu’on dédiera, à son temps une place dans cet espace où nous essayons en toute humilité et sagesse de nous rapprocher de cette nature merveilleuse qui nous favorise de ses bienfaits.

 

Mon enfance a toujours été marquée par les plantes, les fleurs, les fragrances naturelles, les essences et les couleurs. Ma mère, comme bonne fille du terroir, avait une fascination pour les plantes, surtout les ornementales. Elles étaient à la tête de sa liste d’activités prioritaires de la journée. A l’époque, les cours s’embellissaient d’arbustes d’hibiscus, notre si chère shoeblack, qu’on dédiera, à son temps une place dans cet espace où nous essayons en toute humilité et sagesse de nous  rapprocher de cette nature merveilleuse qui nous favorise de ses bienfaits.

  Les Belles de Nuits se faisaient complices de la lune et des étoiles et  embaumaient de leur parfum sucré  pour comploter en faveur de l’amour. Les rosiers, malgré leurs épines, étaient les rois du jardin fiers des élégantes princesses rouges, jaunes ou roses. En effet, la première fois que mes yeux se sont émerveillés sur un rosier de fleurs noires, fut précisément chez une famille Jacmélienne très proche de mes parents.

Les bougainvilliers donnaient sans manque la bienvenue aux visiteurs, grimpant sur les murs, s’accrochant de leurs épines pour ainsi étaler leurs     feuilles ovales et de petites fleurs blanches, ces dernières enfermées entre trois bractées rose, violet, rouge, ou jaune , blanc et orange. On pouvait, des fois admirer comment ils s’arrangeaient pour grimper sur d’autres arbres et atteindre leurs coupes pour les couronner d’éclatantes couleurs.

Madame Bougainvillier, ma mère, pour être proche de son Haïti chérie, devaient là ou l’exile la  rendait, clouer ses épines pour ne pas dire sa mélancolie, sur l’idée d’avoir un bougainvillier. Elle ne gardait pas repos avant de le retrouver, le planter pour ainsi sentir qu’elle était « lakay ». La distance inventait un raccourci dans sa mémoire et les petites fleurs de papier de chine imprimaient le réconfort dans son âme.

Les années passaient et dans une de nos migrations elle a dû s’adapter et changer ses préférences pour les géraniums, même si ceux qu’elle trouvait de l’autre côté de l’océan, n’étaient pas grimpantes et ne remplaçaient absolument pas l’impression visuelle  de gaieté qu’offre les bougainvilliers. 

Les vents migratoires avaient encore une fois soufflé nous emportant à cette occasion à  la terre des aztèques, à cette Tenochtitlan qui après plus de cinq centuries de sa chute avait cédé sa gloire à la pollution, à la modernité, et à  la dissociation du monde naturelle. Malgré, l’emprise des antibiotiques et autres médicaments, dans les années 80, au Mexique, certains de la population continuaient à être liés à  la pratique de leurs traditions médicinales et étaient toujours prêts, femmes et hommes à  nous enrichir et à partager avec nous de leurs connaissances.

Ainsi, une amie à ma mère, venant la visiter, s’était rendu compte que je ne dansais pas autour de tout le monde, et que quelque chose manquait dans la pièce.  En demandant pour moi, ma mère lui avait mis au courant de mon état de santé, qui s’était caractérisé par  un malaise généralisé, des maux de tête, une toux sèche, mal à la  gorge accompagné d’une dysphonie. Surprise et préoccupée, son interjection se présenta impérieusement : « Mais Yola, comment est-ce possible que tu aies un bougainvillier chez toi et que tu ne l’utilise pas pour soigner ta fille ?   Madame Bougainvillier la regarda avec les yeux en blanc, comme si elle était en train d’écouter parler en chinois.   C’est vrai qu’elle avait une fascination pour cette plante, pourtant elle ne savait pas de ses bienfaits pour la santé. Elle, vite rapprocha sa chaise et se mit à l’écoute. « Ah bon », dit-elle ; et comment ça se prépare ?, questionna-t-elle avec étonnement. Martita, son amie, lui donna la recette  du thé, du sirop et de l’infusion froide avec tous les détails nécessaires que vous, chers lecteurs retrouverez à la fin de cette histoire. Ma mère s’empressa à préparer les remèdes car elle voulait tout essayer vue qu’au lendemain je devais me présenter à un examen oral assez important à l’université.

Tout me faisait mal, une oppression à la poitrine qui m’empêchait de respirer, des douleurs musculaires, et surtout la voix qui ne sortait pas du tout. Enfermée dans ma chambre, après avoir tout essayé, n’ayant trouvé du soulagement que grâce au jus de citron chaud avec du miel, mais en général la dysphonie persistait ainsi que les difficultés pour respirer. Peut-être avec le temps, le miel et le citron allait emporter victoire. Cependant, le temps était un facteur que je n’avais pas. La fête était au lendemain. Qu’est-ce que j’ai dit ? La fête ? Oui, la fête de fin de semestre qui aurait lieu le lendemain soir. Ce qui réellement m’intéressais était d’être à point pour le cher évènement qu’on avait passé tout un long semestre à attendre et non pas mon examen oral final de la matière de  Politique Comparative. La seule chose qui me rester de faire était d’étaler du Vick Vaporub de la tête aux pieds. Heureusement, malgré mon désespoir je me suis abstenue à le faire.

De ma chambre, j’arrivais à écouter les pas fermes m’indiquant que  mon docteur, Madame bougainvillier, ma mère, venait vers ma chambre. Le mépris à l’idée qu’elle allait me « prescrire » une de ses potions amères et salées m’a fait tourner au lit pour donner le dos à la porte.  Elle rentra avec une théière, et un petit pot, comme ceux qu’on utilise pour servir les confitures.

« Voilà ma chérie,  regarde, je t’apporte ton soulagement » me dit-elle. Je me suis retournée donc très timidement et…grande surprise ! Je la vois verser un liquide rose claire dans ma tasse. « Et c’est quoi ce machin rose ? » dis-je  en faisant un effort incroyable pour qu’elle puisse me comprendre. Elle me donna la tasse et j’avais bien envie de goûter de cette potion rose, très attrayante. Le liquide rose avec une légère saveur au miel acheminait son passage à travers de ma gorge pendant que la vapeur me faisait des coquilles aux nez. Après plus ou moins  une heure de temps, la première dose, avait commencé à faire effet grâce aux propriétés expectorantes du bougainvillier.

Ma mère me rendait des visites fréquentes, des fois pour me proportionner du sirop de bougainvillier et d’autres pour me rafraichir avec une infusion « Eau de Bougainvillier », cette dernière se prend frais, comme une tisane. 

  Les maux de tête ainsi que les douleurs musculaires m’ont  abandonné pendant la nuit car au lendemain malgré la fatigue et la faiblesse, je me sentais beaucoup mieux, mais juste pour aller présenter cet examen oral.  De retour chez moi, j’ai dû me plonger au lit pour continuer avec les soins de ma maman car même si le bougainvillier a des propriétés médicinales quasi miraculeuses, ce n’était absolument pas conseillé d’y assister à la fête de fin de semestre. 

Depuis lors, le bougainvillier a conquis sa place non seulement dans nos jardins mais aussi à table. Quand il est servi dans un verre à vin, il arrive même à se confondre au vin rosé par sa délicatesse, sa fraicheur et sa couleur évocatrice. L’infusion fraiche de bougainvillier peut accompagner tous les menus et peut être offerte aux petits comme aux grands.

Comme promis, découvrez par ces deux recettes tantôt les bienfaits médicinaux du bougainvillier comme le plaisir de sa dégustation en ces jours où la chaleur de notre printemps estivale, nous demande un peu de créativité.
 

                                                                       Recettes
Le bougainvillier est utile pour réduire les effets des maladies respiratoires, non seulement parce qu'il peut soulager la toux, mais aussi parce qu'il réduit la fièvre et améliore le fonctionnement des poumons et leur oxygénation.


Le thé de bougainvillier est également utile dans la lutte contre la constipation et peut être aussi adopté pour les soins de la peau en accélérant le processus de cicatrisation, en plus il possède des propriétés antiseptiques.


Préparation du thé de bougainvillier
Choisissez les plus belles fleurs de bougainvillier, garder les bractées (les petites feuilles colorées), la petite fleur blanche à  l’intérieur des feuilles en couleurs, bien que comestibles peut donner une saveur amère à la préparation et ne vont pas être utilisé. 
Lavez-les à l'eau froide pour éliminer les impuretés.
Faites bouillir l'eau, placez-y les bractées sans fleurs.
Ajoutez 6 bougainvilliers pour chaque tasse d'eau.
Retirer du feu lorsqu'il commence à changer de couleur.
Laisser reposer quelques minutes et filtrer avant de servir.
Vous pouvez l'adoucir avec du miel surtout s'il sera utilisé pour des maladies respiratoires.
Si vous souhaitez l'utiliser comme tonique pour la peau, laissez-le refroidir et conservez-le dans un endroit frais.

Eau de Bougainvillier

Ingrédients
Fleurs de bougainvilliers         30
Eau                 2 l
Quelques feuilles de menthes,
« Tibaume » ou de basilique (optative)
Sucre à volonté  /miel de préférence
Quelques fleurs entières pour décorer

Préparation
Faites bouillir les bractées avec 2 tasses d'eau pendant environ 5 minutes.
Retirer du feu ( si vous allez  ajouter du sucre ou du miel, c’est à ce moment-là qu’il faut le faire).
Laisser refroidir et ajouter l’eau restante.
Réfrigérez et ajoutez quelques fleurs à volonté ainsi que des feuilles de menthes pour décorer.

Alexandra Vincent est née à Port-au-Prince à l’époque où le port créait vraiment des princes et des princesses, là ou les Gingerbreads se tenaient comme des châteaux pour développer des esprits libres prêts à s’envoler vers l’autodétermination et les rêves de grandeur.

Biographie