Ce 18 Novembre 2020 , je me remémore Vertières, la mémoire altière . Ce matin-là, il pleut sur la ville . Des dizaines de nègres en armes viennent d’arriver traversant mornes et plaines depuis hier. ils sont noirs, mulâtres clairs et marrons Ils réveillent les blancs dans leurs lits en chantant Grenadiers A l’assaut, sa ki mouri zafè a yo .

Ce 18 Novembre 2020 , je me remémore Vertières, la mémoire altière . Ce matin-là, il pleut sur la ville . Des dizaines de negres en armes viennent d’arriver traversant mornes et plaines depuis hier. ils sont noirs, mulâtres clairs et marrons Ils  réveillent les blancs dans leurs lits en chantant Grenadiers A l’assaut, sa ki mouri zafè a yo .

DÉTERMINÉS À VAINCRE OU À MOURIR

Ils envahissent le Cap français. Des milliers d’entre eux viennent de tous les départements, déterminés à vaincre ou à mourir. Ils ont été 100 000 soldats européens à avoir débarqué sur l'île pour chasser Toussaint Louverture et renvoyer les autres dirigeants noirs et mulâtres à Madagascar ou en enfer. Cette fois pour de bon 27,000 anciens esclaves  menacent de sauter le verrou de Vertières  et de chasser les blancs .

Des negres en uniforme viennent d’arriver du Nord-Ouest, à bride abattue, avec à leur tête le général François Capois criant sans cesse le nom de son chef de guerre Jean Jacques Dessalines  liberté ou la mort .
 

La délivrance approche hurle le commandant du Cap , le général Henry Christophe, chargé par Dessalines de jouer le rôle de commandant en chef des opérations en ce jour. 

TOUT CHAVIRE POUR LA FRANCE

Tout chavire pour La France qui fait tout  pour empêcher la chute de sa colonie  et qui ordonne de massacrer tous les noirs armés, à partir de 7 ans  et toutes les femmes rebelles qui seraient, selon elle, pires que les hommes. 

Face à cette armée d'enragés mâles et femelles en uniformes ou avec une épée, au clair , pieds nus\la France se croit imbattable. 

Sur le terrain deux chefs de guerre se déplacent d'abord Jean Jacques Dessalines un ancien esclave devenu général de division sous Toussaint Louverture et de l’autre côté le général de division  Donatien Marie Joseph de Vimeur Vicomte de Rochambeau, un personnage cruel qui fait dévorer ses prisonniers par des chiens sauvages ou qui les noient collectivement.

 

Après 21 mois de guerres continues depuis l'invasion de Napoléon, l'homme le plus puissant du monde depuis Jules César, Jean Jacques Dessalines jure de mettre fin à l’arrogance française. Les officiers blancs, forts dans les guerres conventionnelles qui ont conquis le monde et qui ont bâti des cartes d’état-major partout sur la planète pensent faire une bouchée des haïtiens à Vertières.

LES FORCES FRANÇAISES EN PRÉSENCE

Ce 18 novembre 1803 la France aligne des canons de campagne, pierriers, obusiers, boulets , couleuvrines, mousquets, pistolets, baïonnettes, épées, bref une logistique impressionnante.

Au Haut du Cap, les  batteries des mornes veillent . En direction du Sud-Est, le Redan de la Barrière-Bouteille couvre avec ses deux canons la route venant vers le Cap. A l’Ouest, la Vigie St. Martin projette des phares qui la nuit surveillent tout.  A 4,150 m. de la Vigie, sur le versant Sud le Fort  Pierre Michel domine les routes. De l’autre côté, la forteresse de Bréla, armée d'obusiers et de canons protège enfin la forteresse de Vertières, qui porte le nom d’un certain Marie-François Joseph Pourcheresse de Vertières, le fils de l’ancien président du Conseil supérieur du Cap.

En face de Vertières se trouve la butte Charrier,  ainsi que la redoute du Haut-du-Cap  où domine le général Michel Marie Claparède .
 

LES FORCES HAITIENNES EN PRESENCE 

Dessalines déploie ses officiers et les envoie au combat, cartes militaires en main .  Il envoie contre Rochambeau : 1 ) Les 3e, 11e, 20e demi-brigades et 2 bataillons de la 4e, sous les ordres de Gabart. 2 ) La 10e demi-brigade et le 3e bataillon de la 4e, composée de jeunes soldats dépêchés par le général Alexandre Pétion  , qui souffre d’une fièvre horrible et dont il confie le commandement au  Général Jean-Phillipe Daut. 3) La 6e demi-brigade commandée par le général Augustin Clerveaux 4) Les 1ère et 12e demi-brigades commandées par les généraux du Nord Christophe et Romain. 5e) La 9e  demi-brigade commandée par le général  Capois-La-Mort en personne qui a pillé un dépôt français, à l'Île de La Tortue. 6) Les 21e, 22e, 24e, commandées par le général Cangé venu du Sud qui s'est emparé  des armes et uniformes des français des Cayes . 7 ) Les 14e et 17e commandées par le général Vernet. 8) Les dragons de l’Artibonite, commandés par le Colonel Charlotin Marcadieux assisté des chefs d'escadrons Paul Prompt et Bastien qui composent la réserve de l’artillerie. 

Dessalines rassemble en ce jour 27.000 officiers, sous-officiers et soldats. Des caisses de munitions sont envoyées au Cap depuis la prise de Port-au-Prince aux français et achetées aux Etats Unis par Joute Lachenais, la riche femme de Pétion.

Rochambeau, dès l’annonce des hostilités, fait partir des ordres aux officiers du  retranchement du bourg de la Petite- Anse qui avec  8 canons,  barre la route de l'Est et couvre la plaine, Plus au Nord, la batterie Circulaire, la batterie du Mort, la batterie St. Joseph ainsi que le Fort Picolet  . Plus au Sud, trois batteries françaises veillent sur les mornes. Des troupes françaises sont stationnées dans les hauteurs d'Estaing et au niveau de la Providence, sans oublier la Vigie St. Martin et  la batterie des Mornets au Cap français.

LES OPÉRATIONS DE TERRAIN 

François Capois tire le premier sur Vertières après la prise par surprise du Fort Picolet,  permettant aux hommes de Dessalines d’entrer en ville aux cris de  ‘’Coupé têtes, boulé cailles ‘’ Pas de quartier pour l’ennemi.

Dessalines déjà installé au Morne Rouge depuis  le 15 Novembre 1803, arrive enfin à Vaudreuil où il place son quartier général sur l'habitation Lenormand.  En mer , les Anglais rodent autour de la ville , proposent à Dessalines une aide militaire qu' il rejette.

Après l'attaque de Picolet, Clerveaux fonce sur le fort de la Barrière Bouteille, au moment où Christophe  s'en prend aux troupes françaises dans les hauteurs d'Estaing et la gorge de la Providence, s’empare de la Vigie St. Martin, de la batterie des Mornets et tire des coups de canon sur le Cap francais. Entre-temps Romain protège les forces de Capois autour du Fort Picolet et conquiert la Petite-Anse. Les dragons de Charlotin Marcadieu s’engagent près de Dessalines , armes au clair .

Clervaux fait grimper les canons dans les mornes puis attaque comme une foudre la Vigie tandis que Christophe se saisit de la Batterie des Mornets. Romain vient renforcer Capois en face de Picolet et certains de ses hommes encerclent la Petite-Anse où de nombreux soldats français sont tués.  

Dessalines galope en direction de  Breda mais est reçu à coups de mitraille sans être atteint par les français. Il échappe à la mort puis ouvre un feu d’artillerie meurtrier  avec un obusier de 6 pouces, une pièce de 4 et une pièce de 8. 

Les généraux Daut et Gabart ont sous leurs ordres maintenant les 3e, 10e, 11e et 20e demi-brigades et 3 bataillons de la de demi-brigade , es dragons de Marcadieux et les troupes de Port-au-Prince de Philippe Daut qui attaquent les ennemis de tous les côtés.
Les artilleurs haïtiens  Zénon et Lavelanet continuent de bombarder Breda avec leurs quatre pièces. Tous les forts français répliquent avec ardeur.

Dessalines conduit ses hommes en direction de la Barrière-Bouteille derrière  Capois qui vient de quitter Picolet avec sa 9e demi-brigade. Breda, Pierre Michel et Vertières se défendent vaillamment.

Dessalines ordonne de se saisir rapidement de la butte Charrier, pour mieux bombarder Vertières, satisfait de la chute du Fort Breda aux mains de Clerveaux et pour empêcher Vertières de décimer ses forces, envoie Capois , Vernet et Gabart au front avec les 3e, 11e et 20e demi brigades. 

LE MOUVEMENT HÉROÏQUE DE CAPOIS LA MORT

Vertières repousse les troupes de Gabart . Capois s’élance à nouveau, un boulet tue son cheval: il tombe, se relève, tire son sabre ‘’En avant ! En avant feu sur l'ennemi !’’. 

Rochambeau du haut de Vertières est consterné et ébloui. Il fait rouler le tambour  er pour récupérer Capois, qui se fait appeler Capois la mort  fait sortir un cavalier  qui transmet les félicitations du Général Rochambeau , lui demande de trahir Dessalines et de venir se mettre à son service au prix d'une grande fortune.

Capois lui répond jamais puis ajoute avec rage liberté ou la mort. Puis il ordonne à ses hommes de foncer sans attendre sur Vertières.  Au même moment Dessalines sur son chevalet pistolets en main,  envahit la butte Charrier à partir de laquelle il canonne Vertières avec précision. Gabart et Jean Philippe Daut retrouvent Capois au pied du Fort ou ils se battent au corps à corps avec les soldats français ,  extirpant plus d’un.

LA VICTOIRE MILITAIRE DE DESSALINES

Rochambeau avec un canon de ’’16’’  tente de déloger Dessalines , bombarde Charrier forçant Dessalines a se mettre à couvert dans la forteresse. Clervaux répond avec sa mitraille qui vise directement Vertières. Le jeune Général Daut  soudain sort des rangs, ire sans arret ,  échappe par miracle aux  milliers de balles qui pleuvent autour de lui et reprend le cri de Capois ’En avant ! En avant feu sur l'ennemi !’’.  Il rétablit  ensuite sous le feu des abris provisoires avec tout ce qu'il trouve comme boucliers . 

Dessalines reprend les offensives   canonne a nouveau Vertières qu’il arrive à percer avec Daut. Le général français Rochambeau sort précipitamment de Vertières avec 2 pièces de canon et essaie de faire une ouverture sur Capois et Dessalines. Il descend les mornes de manière hexagonale mais Jean-Philippe Daut part de Charrier à sa rencontre. 

Daut est repoussé par un groupe de soldats français. Dessalines sort à son tour , les charge avec sa cavalerie  et les écrase aux côtés de Paul Prompt le commandant d'escadron de sa cavalerie.

Dessalines crie tout a coup Ne vous arrêtez pas, il faut prendre Rochambeau, nettoyer dans le sang le fort de Vertières, et  se débarrasser de tous les soldats français. Paul Prompt, au son de clairons, fonce alors sur les soldats français, qui tirent genoux à terre tandis que deux autres lignes debout, continuent de faire feu. Paul Prompt au cri de En Avant , liberté ou la mort, fonce une fois de plus  parvient à refouler les hommes de Rochambeau  qui rentrent à nouveau sur les ruines de Vertières. Paul Prompt avec son sabre les poursuit et finit par se faire tuer sur place. Soudainement le feu vient du flanc droit avec un canon français, du Haut-du-Cap manipulé par la garde d’honneur de  Rochambeau. Dessalines et Jean Philippe Daut répliquent immédiatement. Clerveaux vient au secours de Dessalines et de Daut en  ouvrant une fusillade nourrie contre le haut du Cap. 

Vers 5 heures de l'après-midi, Rochambeau qui sent venir la mort, prend la fuite.  Il  court se cacher pour la nuit sous une pluie battante. Les forts français ne tirent plus, des centaines de morts dans les rangs des deux côtés .  surtout des soldats français. 

L'ÉVACUATION DES FRANÇAIS 

Dessalines accompagné du général Laurent Bazelais fait transporter ses blessés à son Quartier Général de Vaudreuil et fait enterrer dignement  les combattants décédés . Rochambeau réclame à minuit un armistice et demande des renforts au Commodore Loring  qui les ignore.

Dans l’après-midi du 19 Novembre 1803, L'Adjudant Commandant Français Duveyrier, muni des pleins pouvoirs de Rochambeau apporte une lettre de  reddition, de capitulation et d’évacuation. Rochambeau en mer est capturé par les anglais qui l’envoient en prison . La France vient de perdre Haïti qui proclame son indépendance le 1er janvier 1804 .