Le mardi 9 avril 2024, plusieurs personnes ont reçu le mail tant attendu mais malheureusement, son contenu n’a pas mis la joie dans leur cœur comme elles l’avaient espéré. En effet, leur demande a été refusée. Ce cas a été observé pour plusieurs centaines de demandes. Lancé depuis janvier 2023 par l’administration du président américain Joe Biden, c’est pour la première fois que ce fait s’est produit dans le cadre du programme ‘’Humanitarian parole’’. Ces refus massifs de l’agence américaine de Citoyenneté et de l’Immigration (USCIS) ont suscité de la panique chez les bénéficiaires qui ont eu leur réponse finale et aussi chez ceux qui attendent encore qu’on leur réponde. Et dire que plusieurs d’entre eux ont patienté durant plus d’un an pour enfin recevoir une réponse négative… Nous avons constaté qu’une fois leur demande soumise et parfois même avant sa soumission, des tas de gens ont : abandonné leurs études, démissionné de leur emploi, vendu leurs biens tout en fantasmant d’atterrir sur le territoire américain qu’ils considèrent comme « la terre promise ».

Destiné aux haïtiens, cubains, nicaraguayens et vénézuéliens, ce programme vise la réduction significative de l’immigration irrégulière. Il a déjà permis à un nombre estimable de bénéficiaires de fouler légalement le sol américain tandis que des milliers de dossiers sont toujours en attente de confirmation. Bien que cette stratégie du pays de l’Oncle Samsoit très appréciée par plus d’un, nombreux sont ceux qui la critiquent car d’après eux, le programme nous fait plus de mal que de bien. Nous ne pouvons pas nier le fait que, grâce à ce programme, une grande quantité de familles séparées depuis bien longtemps se sont réunies ou encore, beaucoup d’immigrés ont pu améliorer la qualité de leur vie juste parce qu’ils ont quitté Haïti. Cependant, les effets de cette migration impressionnante se font déjà ressentir. Nous faisons actuellement face à une énorme fuite de compétences et de cerveaux. 

 

Nous sommes sur le point de connaitre une diminution en ressources humaines, ce qui a de graves conséquences sur la bonne marche de nos institutions qui fonctionnaient à peine.

Aujourd’hui, une grande partie de la population haïtienne ne repose leur espoir que sur ce mail qu’elle considère comme l’unique sauveur pouvant la sortir de cette situation critiquequ’elle vit depuis des décennies : instabilité politique, faim, chômage, insécurité, faible accès à la santé et à l’éducation, non-respect de l’ensemble des droits fondamentaux qu’elle est censée jouir, etc. Satisfaire ses besoins les plus essentiels :voilà le plus grand souhait de l’haïtien qui lui semble irréalisable dans son propre pays. Pour pallier ce problème, il est prêt à aller chercher ailleurs une vie meilleure à tout prix, ce qu’il finit souvent à trouver difficilement ou non. Il y laisse même sa peau parfois. Chèche lavi, detwi lavi.

Depuis le début du mois de mars, les vols commerciaux ont été interdits en Haïti à cause de la situation sécuritaire du paysqui s’est aggravée. Cette nouvelle n’a pas du tout plu aux bénéficiaires du programme qui avaient déjà leur autorisation de voyage. Actuellement, il n’y a que l’aéroport international du Cap-Haïtien qui soit ouvert aux vols commerciaux internationaux avec comme trajet Miami-Cap/Cap-Miami. Et à travers ce couloir, avec passeport et autorisation en main, des centaines d’haïtiens profitent de mettre les voiles car ils ne savent pas à quoi s’attendre vu l’avenir incertain du pays. 

Il est à souligner qu’il est possible de soumettre une nouvelle demande après un refus. Ce dernier ne signifie pas que vous ne serez jamais qualifié pour le programme Humanitarian Parole. Et si jamais vous partez, pensez un jour à retourner sur votre terre natale pour contribuer au projet de sa retransformation en la « Perle des Antilles» qu’elle fut autrefois. 

 

Danycha L. MUSEAU, haïtienne de nationalité, vit dans la partie Sud de l’Île. Ayant fait ses études primaires à la Première Eglise Baptiste des Cayes, elle a ensuite entamé ses études secondaires au Collège Frère Odile Joseph. En ce qui concerne ses études universitaires, ell…

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