Le patrimoine culturel immatériel d'un peuple peut être défini comme tous les éléments de sa culture qui sont intangibles (des éléments qu'on ne peut pas toucher). Ce sont des éléments autour desquels le peuple se rassemble , des éléments en lesquels il se reconnaît.

 

Le patrimoine culturel immatériel d'un peuple  peut être défini comme tous les éléments de sa culture qui sont intangibles (des éléments qu'on ne peut pas toucher). Ce sont des éléments autour desquels le peuple se rassemble , des éléments  en lesquels il se reconnaît.

Comme exemple de patrimoine culturel immatériel, le site de l'UNESCO nous propose les traditions orales ( contes , légendes populaires, chansons traditionnelles...) , les arts du spectacle, les pratiques sociales , rituels et événements festifs, pratiques concernant la nature et l'univers ou les connaissances et les savoir-faire nécessaires à l'artisanat traditionnel. 

Dans un  contexte de mondialisation et face à l'impérialisme des grandes puissances, les patrimoines culturels immatériels des pays en voie de développement se trouvent menacés.

Le système international est une jungle où les pays les plus forts étouffent les pays les plus faibles. Or, un moyen très sûr pour un grand pays d'étouffer un petit pays est de lui imposer sa culture. C'est ce qu'on appelle domination culturelle.

La domination culturelle facilite d'autres formes de domination, dont l' économique.  Dominer culturellement un peuple, c'est limiter son droit d'exprimer son identité. Dans les cas extrêmes, les peuples sont totalement privés du droit d'exprimer leurs identités.  Quand le peuple dominé se trouve attaqué dans son identité, dans ce qu'il est fondamentalement, la puissance dominatrice exerce alors plus facilement les autres formes de domination sur lui.

Dans le passé, la domination culturelle s'exerçait de façon plus violente et extrême. Sous  l'occupation américaine d'Haïti (1915), les vaudouisants ont été persécutés, les péristyles   pillés. Or, on sait que le vaudou est le socle culturel des Haïtiens.

Aujourd'hui, la domination culturelle passe par le soft power des États forts. 

Une façon dont s'exerce ce soft power, c'est la grande diffusion des modèles culturels des pays forts.

 Les États-Unis d'Amérique, par le truchement de Hollywood, nous font parvenir le rêve américain dans les films qui sont diffusés sur nos chaînes et via les plateformes streaming auxquelles nous avons accès entre autres.

Ce rêve vend l'idée selon laquelle celui ou celle qui travaille fort réussira matériellement aux États-Unis, ce qui est une vision bien irréaliste de la vie aux États-Unis.

Cette vision des États-Unis contribue à l'émigration massive des habitants des pays pauvres et des pays en voie de développement vers eux.

Un moyen pour nous haïtien de résister à cette domination culturelle est à mon avis la formation et la diffusion d'un rêve haïtien.

Pour entreprendre ces deux opérations, nous devons renforcer notre patrimoine culturel immatériel.

Pour former le rêve haïtien, nous pouvons puiser  dans notre histoire qui est jalonnée de grands faits d'armes qui ont mené à l’indépendance, grâce à laquelle nos ancêtres ont hissé très haut le drapeau de la dignité, de la liberté et de l'égalité pour tout être humain sur la face de la terre. Cela ne peut qu' alimenter notre fierté et inspirer nos actions actuelles.

C’est cet idéal de liberté et de dignité pour tous que chérissait nos ancêtres; nous pouvons utiliser les éléments de notre patrimoine culturel immatériel pour continuer à le véhiculer. Pour cela, il serait très opportun d'augmenter les productions artistiques qui le véhiculent pour contrecarrer en Haïti la diffusion massive  de valeurs culturelles des pays dominants.

En d'autres termes, pour résister à la domination culturelle que les pays forts exercent sur nous à la manière douce, nous devons par exemple:

nous réapproprier les chansons traditionnelles qui parlent de nos héros, de notre identité nationale et composer de nouvelles chansons sur ce même thème ;

renforcer nos traditions orales en transmettant nos contes aux plus jeunes générations ;

identifier les pratiques sociales purement haïtiennes qui sont ancrées dans les valeurs de liberté et d'égalité pour tous et les perpétuer ;

augmenter la production et la diffusion d'œuvres d'art ancrées dans nos valeurs haïtiennes ;

préserver et renforcer notre créole et aussi garder la façon haïtienne de parler français ;

protéger le marché artistique haïtien. Qu'il n'y ait plus de déversement de produits culturels étrangers sur notre marché. Qu'il y ait plutôt un échange culturel équilibré ;

protéger le savoir-faire haïtien typique dans nos traditions orales, notre gastronomie, nos écrits, nos arts picturaux, etc. 

La liste n'est pas exhaustive.

 Et vous chers lecteurs, que voulez-vous faire pour protéger notre patrimoine culturel immatériel?

 

Samuel E. DUCLOSEL est chroniqueur culturel. Il partage depuis janvier 2022 , dans Xaragua Magazine, des publications se rapportant à la culture , la sociétés et des personnalités du milieu artistique en faisant toujours montre d'un bel esprit d' analyse. Il aime l' art , ce …

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