L’abondance dans la nature se traduit par les couleurs, le mélange, les formes et schémas diverses mathématiquement parfaits qui nous racontent des odyssées génétiques d’une espèce. L’adaptation s’inscrit dans les caractéristiques des plantes, fleurs, arbres, mousses, champignons et toute autre expression d’existence de la flore.

L’abondance dans la nature se traduit par les couleurs, le mélange, les formes et schémas diverses mathématiquement parfaits qui nous racontent des odyssées génétiques d’une espèce. L’adaptation s’inscrit dans les caractéristiques des plantes, fleurs, arbres,  mousses, champignons et toute autre expression d’existence de la flore. Le règne végétal est un archive où les records sont intimement garder, où le passé se fait présent dans  les caractéristiques essentielles et pourtant dirige  la transformation pour l’adaptation qui sera la seule à perpétuer la vie de l’espèce en la rendant prête pour les conditions à affronter. La plante même est son propre laboratoire biologique et chimique, ou chacun de ses éléments poursuit la vie en inscrivant une disposition anatomique et biologique telle, cependant le clonage n’a jamais été un trait de vocation.  Nous trouvons des fruits  comme la papaye (Carica Papaya L.) par exemple, qui peuvent bien avoir de 200 à 400 graines chacune, évidemment pas tous les grains pourront se répandre et germer pour se convertir en papayer capable de poursuivre les pas des ancêtres, pourtant elle est munie de plus amples viabilités de réussite que d’autres fruits ayant qu’un seul noyau. Il faudrait quand même se rappeler, qu’un arbre résultant de la multiplication par les graines, ne sera jamais identique à l’arbre mère. Défaut ou qualité ? Pour la nature, plus qu’une qualité en soi, c’est un outil de défense, l’arme choisi pour envahir, coloniser, s’établir, contrôler et régner sur les circonstances. Nous pouvons aussi observer, dans plusieurs cas, que les feuilles se vêtissent d’épines ou aiguillons qui sont une extension de la plante et parfois arrivent même jusqu’aux racines pour le control et la gestion de l’eau dans des entourages manquant de cet élément précieux. Les feuilles peuvent bien aussi abandonner, dans des positions stratégiques de la plante,  leurs couleurs vertes, révélation caractéristique de la photosynthèse, se maquillant de couleurs vives, rouge, jaune, rose, et même blanche  pour ériger des bractées qui non seulement protègent la fleur, mais aussi ont la fonction d’attirer des insectes pollinisateurs.  C’est le cas de la Ponsettia (Euphorbia Pulcherima) et le Bougainvillier (Bougainvillea Spectabilis  Wild), ce dernier très répandu dans le terroir. 

En promenade dans la nature, on observe partout  l’extravagance de la richesse naturelle grâce à la cohabitation, compétition ou collaboration des espèces. Cet éventail  de diversité a permis à l‘être humain de choisir les plantes à améliorer grâce aux méthodes utilisées dans l’agriculture. Les espèces délaissées, ont poursuivi leurs chemins de manière naturelle en réponse au conditionnement du milieu.

Caractéristiques des Mauvaises herbes

Il y a plus de 9000 ans, quand l’homme a laissé la chasse pour l’agriculture, la domestication des plantes se fut nécessaire pour combler les besoins  alimentaires de celui-ci.  L’agriculture  mondiale est dérivée d'espèces sauvages modifiées par la domestication, la sélection sélective et l'hybridation. 1 Les espèces qui intègrent notre régime alimentaire d’aujourd’hui, ont été les élus d’un processus de sélection qui n’a pas encore cessé et qui n’a pas du tout l’air de le faire. L’amélioration des espèces s’est toujours disposée à la main droite des sciences agricoles. Mais que peut-on dire de celles qui n’ont pas été gardé comme l’aliment optime d’être produit dans l’environnement agricole ? Les mauvaises herbes  ou plantes adventices sont-elles toutes réellement mauvaises ? Elles ont été accusées, poursuites, condamnées, maudites, arrachées et même brulées comme des sorcières en temps d’inquisition. Ont-elles toutes été éliminées ou les plus aptes ont pu se reconstruire en s’adaptant au milieu ? Dans le meilleur des cas, on les emplois, dans leur senescence comme une source de nutrition pour les sols peu fertil.2  Elles sont  polonisées par le vent et capables de tolérer des conditions adverses tantôt au niveau climatique, comme par la précarité du sol de leur entourage. Leur taux de reproduction est considérablement élevé et peuvent se disperser facilement en gardant des caractéristiques compétitives et  des effets allélopéthiques potentiels.

 Les « rajé », comme on les appelle en Haïti, devraient-ils être vus comme des nuisances, des herbes qui  n’ont absolument rien de bon à nous offrir et qui peuvent nous rendre malades dues à leur toxicité élevée? Pas toutes les mauvaises herbes (on devrait penser à éviter l’utilisation de ce terme) sont mauvaises, il existe une grande gamme de plantes dites rajé ou mauvaises herbes qui sont comestibles et qui peuvent avoir non seulement une utilisation économique mais surtout nous apporter des nutriments parfois plus élevés que ceux des parents domestiqués. En effet les 66% des différentes espèces sont comestibles et peuvent être une source additionnelles d’aliments pour les humains grâce aux  feuilles, graines, fruits fleurs et racines, tubercules et rhizomes. Tenant en compte qu’un large pourcentage de la population haïtienne n’arrive pas à combler leur besoin alimentaire en termes de macro et  de micro nutrition, certains des rajé de notre territoire devraient être étudié, analysé et considéré comme une alternative accessible, continue et adéquate capable d’être une source de nutrition pour la population.

L’amaranthus viridis, une option alimentaire ?

Ceci dit, nous avons choisi de prendre comme exemple une plante considérée comme «rajé«, non seulement au Sud-est, mais un peu partout en Haïti. Il s’agit de l’Amaranthus Viridis, un des «épinard pays» mais celui-ci est libre et pousse là où on ne l’a pas planté.
L’amaranthus Viridis  est une plante sauvage qui est originaire du Mexique mais est très abondante dans les pays de la Caraïbe, et de l’Amérique centrale.  Elle fait partie du régime alimentaire complémentaire du Mexique. L’ »épinard pays » peut s’adapter au climat sec,  au sol pauvre en nutriment et n’a pas besoin ni de fertilisant ni d’eau de manière abondante. Elle est donc tolérante aux conditions d’adversité comme la sècheresse et la salinité ce qui s’est converti en  avantage pour son adaptation et la promotion de mécanismes de défense au stress3

Composition Bioactive, Nutritionnelle et Biologique

Les feuilles de l’Amaranthus Viridis ont des nutriments inorganiques comme le fer, le calcium et le manganèse, le magnésium ainsi que des flavonoïdes. 4  Ces dernieres sont des molécules réputées pour leurs vertus antioxydants qui protègent contre les affections chroniques.

Les parties aériennes de la plante peuvent avoir une activité antihelminthique (antiparasitaire) et hépato protectrice (protection du foie) ainsi que des effets antidiabétiques.5, 6 ,7 

Les graines ont des propriétés antivirales tandis que les feuilles ont des effets anti-inflammatoires8 

Conclusion

L’abondance est pour ceux qui peuvent la reconnaitre, parfois elle se déguise en mauvaises herbes et se laisse arracher, nous laissant sentir la précarité, pourtant nous pourrions avoir à la portée de notre main et dans nos plats des aliments qui ont la faculté de nous proportionner une meilleure santé. Même si l’amaranthus Viridis est une inconnue de notre gastronomie, je fais appel à tous nos cuisiniers, chefs et spécialistes de la gastronomie haïtienne, de nous rejoindre dans cette idée de nous réinventer en réinventant aussi ce qu’on mange. Cet aliment  pourrait être une solution aux problèmes de mal nutrition qu’on confronte dans plusieurs régions. L’amaranthus Viridis pourrait facilement s’incorporer dans notre régime alimentaire et être, entre autre une stratégie pour combattre la faim.
 
Références 

The ecological role of biodiversity in agroecosystems, Altieri, 1999
Comparison of organic and conventional managements on yields, nutrients and weeds in a corn--cabbage rotation ; Bajgai, Kristiansen, Huluggalle &Mc Henry, 2015
Slabbert M, KrugerG. Antioxidant enzyme activity, Proline accumulation, leaf area and cell membrane stability in water stressed Amaranthus leaves. S African J Bot 2014
Jimenez-Aguilar D, Grusak M. Minerals, vitamin C, phenolics, Flavonoids and antioxidant activity of Amaranthus leafy vegetables. J Food Compost and Anal 2017
Kumar B, Lakhman K, In vitro antihelmetic property of methanol extract of Amaranthus Viridis. EJEAFCHE 2010
Lakhman K, hepatoprotective and antioxidant activities of Amaranthus Viridis. Maced J Med Sci 2011
Pandhare R, Balakrishnan S, Mohite P, Khanage S Antidiabetic and anti-hyperlipiademic potential of Amaranthus Viridis
Salvamani S, Gunasekaran B, Shukor M, Dhaharuddin N, Sabullah M, Ahmad S. Anti-HMG-CoA reductase, antioxidant, and anti-inflammatory activities of Amaranthus viridis leaf extract as potential treatment for hypercholesterolemia
 

Alexandra Vincent est née à Port-au-Prince à l’époque où le port créait vraiment des princes et des princesses, là ou les Gingerbreads se tenaient comme des châteaux pour développer des esprits libres prêts à s’envoler vers l’autodétermination et les rêves de grandeur.

Biographie